Le Bangladesh a de nombreux défis à relever. Sa situation géographique le rend très vulnérable au réchauffement climatique. Sa situation économique s’améliore mais elle laisse encore « sur le bord de la route » les populations très pauvres des campagnes, des zones suburbaines et les minorités ethniques. Les ambitions de développement du pays ne seront réalisées qu’avec l’amélioration de la condition des femmes dans la société.
Réunion de coopérative agricole
Depuis quelques années le Bangladesh est devenu, en certaines régions du moins, une terre de propagande fondamentaliste. Les situations d’urgence fréquentes, post cycloniques, favorisent cette évolution grâce à l’appui de secours financés par des états du moyen orient (notamment Arabie Saoudite). Ceci peut entraîner une violente opposition au réformisme du gouvernement en matière des droits de la femme.
elles sont victimes de discrimination au plan social et familial
elles sont victimes de violence au travail et à la maison
l’exigence d’une dot à payer par la famille de la mariée conduit à une discrimination culturelle dès la naissance
Le Bangladesh était d’après l’ONU 100e/128 en 2007 et 68°/142 en 2014 selon le Global Gender Gap Index.
– garantir l’égalité des droits pour les femmes dans toutes les sphères de la vie nationale et assurer la sécurité des femmes dans l’environnement national, social et familial
– l’égalité des droits d’héritage
– 1/3 des sièges au parlement par élection directe
– un quota d’emplois publics
– une aide aux femmes seules, aux invalides
– des allocations budgétaires pour des lieux de repos et des centres de santé, de garde d’enfants dans les lieux où de nombreuses femmes travaillent
– A noter que la loi anti-acide de 2002 a fait baisser le nombre de femmes vitriolées
De fait les islamistes radicaux s’opposent à l’égalité des droits en matière d’héritage et avec eux une longue tradition reste encore très prégnante …
En intégrant « l’empowerment » des femmes dans tous ses programmes :
– Formation de jeunes femmes au métier d’institutrice partout où GK implante des écoles
– Participation des familles et des femmes à la gestion des écoles
– Formation de paramedics femmes là où GK implante ses centres de santé primaire
– Ecole de conduite de Cox’s Bazar
– Gestion par les institutrices des greniers de sécurité alimentaire dans les tribus des Chittagong Hill Tracks
– Formation à la plantation de légumes et à l’élevage de volailles dans les Chars.
Au Bangladesh, l’organisation « Naripokkho » oeuvre pour la défense des droits des femmes et lutte contre la violence, la discrimination, l’injustice.
http://www.naripokkho.org.bd/nari-index.html
Bidonville à Dhaka
Le réchauffement climatique (souvent rebaptisé « changement climatique », comme pour le minimiser…) est un sujet régulièrement mis sur le devant de la scène, notamment lors de la sortie des rapports du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Evolution du Climat) ou des conférences internationales ou encore depuis le prix Nobel de la paix attribué à Al Gore et au GIEC.
Le Bangladesh est régulièrement cité comme l’un des pays les plus exposés aux conséquences néfastes d’un tel événement, le 3ème pays le plus menacé au monde en terme de population, selon les études récentes. La montée des eaux vient encore accentuer fortement les problèmes agricoles, de santé et de migrations que connait ce pays.
La situation géographique et les conditions géo-morphologiques du Bangladesh en font l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique, en particulier à l’élévation du niveau de la mer.
Le pays a une très faible altitude et est très plat : près de 10 % du territoire est à moins de 1m au-dessus du niveau de la mer, et un tiers est exposé aux débordements de la mer. Bien que le Bangladesh n’occupe que 7 % du bassin versant des fleuves Gange, Brahmapoutre et Meghna, il achemine 92 % du débit total de ces fleuves vers le Golfe du Bengale.
Le Bangladesh a une densité de population de plus de 1000 habitants/km2. Dhaka, la capitale, est la ville dont la croissance démographique est la plus forte d’Asie. Des millions d’habitants y vivent déjà dans près de 5000 bidonvilles (slums) dont beaucoup sont exposés à l’érosion des rives qui ne peut qu’empirer. D’une façon générale, les pauvres seront frappés plus vite et plus fort par les effets du changement climatique : les zones historiquement exposées aux inondations et aux glissements de terrain sont souvent habitées par les plus pauvres qui sont ainsi les plus exposés aux dégâts des vents, des pluies torrentielles et des inondations.
Selon les scénarios prospectifs sur le changement climatique, les précipitations pendant la mousson pourraient s’accroître de 11 % en 2030 et 27 % en 2070.
Les précipitations déjà faibles en saison sèche pourraient diminuer. Cela entraînerait une réduction du débit des rivières, une pénétration de la salinité à l’intérieur des terres (restreignant le choix des cultures possibles), des difficultés de drainage des terres arables et une limitation de l’irrigation avec encore plus de contraintes économiques pour les paysans pauvres. En outre selon le GIEC (Rapport 2007) « la fonte accélérée des glaciers (de l’Himalaya) risque d’accroître la fréquence et la sévérité des inondations et des glissements de terrains, et de réduire ultérieurement le débit des rivières ».
La production de blé et de riz à hauts rendements, notamment le riz boro cultivé en hiver, pourrait ne plus être rentable. L’élévation de la température provoquerait une perte de carbone dans la couche supérieure du sol, ce qui réduirait sa fertilité. Le GIEC évoque des réductions de rendements par rapport au niveaux de 1990 de 2,5 à 10 % en 2020 et de 5 à 30 % en 2050 dans certaines parties de l’Asie.
GK, depuis sa création, est à la pointe du combat pour l’amélioration de la condition féminine
L’élévation du niveau de la mer sur les côtes du Bangladesh pourrait selon certaines prévisions atteindre 88 cm vers 2100. Des zones côtières non protégées par des digues seraient complètement inondées.
La zone de mélange entre eau douce et salée remonterait dans les terres, modifiant les conditions de culture et restreignant les ressources en eau douce. Les zones endiguées seraient plus exposées aux fortes marées et à l’inondation par de l’eau salée. Le recul de la côte accroîtrait la surface de la baie : les cyclones restant plus longtemps sur l’eau acquerraient davantage d’énergie et d’intensité.
Le GIEC ajoute que « l’intrusion d’eau salée pourra favoriser la pêche d’espèces de poissons d’eau saumâtre, mais les inondations côtières seront à même d’affecter sérieusement l’aquaculture et les infrastructures « et que « la menace sur les zones humides et la mangrove s’accentuera « . A cet égard les Sundarbans (partie basse du delta) sont en première ligne, et risquent de perdre de leur biodiversité.
Outre les effets sur la santé dus à la modification de salinité de l’eau, l’élévation de la température favorisera les parasites et les agents pathogènes, avec des risques accrus de dengue, de malaria, de diarrhées, de choléra. Les inondations récurrentes mettront à mal les infrastructures sanitaires et d’assainissement.
Lors d’une réunion sur le changement climatique au siège des Nations-Unies en septembre 2007, le chef du gouvernement bangladais, Fakhruddin Ahmed, rappelait qu’ « une hausse d’un mètre du niveau de la mer forcerait 25 à 30 millions d’habitants à fuir » .
Il y aurait des millions de « réfugiés climatiques « , soit à l’intérieur du pays et d’abord vers les zones urbaines, soit vers l’étranger. La pression, foncière et politique voire militaire, s’accroîtrait sur les régions de collines, telles les Chittagong Hill Tracts, peu peuplées par des populations autochtones déjà marginalisées.
Dans un article paru dans « Le Monde diplomatique » (avril 2007) sous le titre « Au Bangladesh, les premiers réfugiés climatiques « , Donatien Garnier écrivait :
» Dans l’hypothèse d’une élévation du niveau de la mer de 27cm en 2050, c’est quelque 26 millions de personnes qui seront exposées à un risque faible et près de 7 millions à un risque moyen, dont 58% dans les districts de khulna, Jhalakati, Barisa et Bagerhat. L’île de Kutubdia, au large de Cox’s Bazar, a perdu la moitié de sa superficie en moins de 50 ans et disparaîtra complètement d’ici 2070 « .
» Dacca ne pourra pas – loin s’en faut – absorber cet exode rural massif. Et ce d’autant plus que la capitale risque d’être elle-même sujette à des inondations de grande ampleur comme celles qu’elle a connues en 2004 (et en 2007). Où iront alors les réfugiés bangladais ? Dans les pays voisins ? C’est, si l’on veut éviter les violences, très peu probable. Comme le dit le géographe Maudood Elahi, » migrer vers l’Inde et la Birmanie sera très difficile. L’Inde connaît déjà des problèmes démographiques, et les deux pays seront également très affectés par les changements climatiques « .
D. Garnier évoque la solution suivante : » Chaque pays (devrait) prendre à sa charge, à savoir transporter et accueillir, un quota de réfugiés climatiques qui serait fonction de ses niveaux d’émission de gaz à effet de serre présents et passés. Une solution qui passe peut-être par l’ouverture du statut de réfugié, tel qu’il est défini par la convention signée à Genève en 1951, à la notion de réfugié climatique. »
Les zones tribales des CHT, perçues comme sous peuplées, constituent une solution attractive pour implanter et reloger les réfugiés climatiques, malgré le faible pourcentage de terres cultivables. En 2000, on estimait que 100 000 Adivasi avaient été forcés de laisser leur place à 400 000 de ces réfugiés climatiques et se retrouvaient ainsi sans terre et risquaient fort de perdre leurs traditions et leur culture.
La question du réchauffement climatique est sérieusement prise en compte par les autorités et la société bangladaise. En témoigne par exemple la conception et la publication en 2008 d’un Plan d’action sur le changement climatique (Bangladesh Climate change strategy and action plan) qui rassemble et diffuse des informations sur les initiatives et les projets d’actions pour faire face aux menaces.
Effondrement des berges sur un char
Les « Chars « sont ces îles éphémères qui surgissent et disparaissent au gré des inondations annuelles du grand fleuve qui irrigue toutes les terres bangladaises à travers les multiples bras de son estuaire. D’une durée moyenne d’à peine plus de 10 ans, ces îles sont dépourvues de toute infrastructure publique et quasiment de tout service. Les habitants de ces îles sont le plus souvent des « sans-terres « , et sont parmi les populations les plus vulnérables du Bangladesh.
Chaque « Char « compte en moyenne 272 familles (en fait entre 35 et 800).
Erosion
Le phénomène naturel dominant est lié à l’érosion fluviale. Chaque crue annuelle déplace une partie de ces îles et les rives des bras du fleuve. 99% de la surface du lit fluvial actuel a connu au moins une période » Char » entre 1973 et 2000. Les trois-quart des Chars » vivent » moins de 10 ans et un sur 10 vit environ 18 ans (surtout dans le haut Meghna). On peut voir ces îles réparties dans les lits du Brahmapoutre (Jamuna), du Gange (Padma), et du Meghna sur les quelques cartes disponibles, mais bien évidemment selon des indications topologiques qui s’avèrent vite inexactes.
Inondations
Chaque crue inonde le Char et les habitants doivent grouper leur bétail sur des monticules pour tenir une ou deux semaines avant de partir vers des refuges problématiques. Si la crue est sévère, ils y emportent leurs biens, et même essaient d’y déplacer leur maison, faite de bambous et de tôles ondulées faciles à démonter et remonter. Les récoltes sont perdues si le paysan a été pris par surprise par la rapidité de la montée des eaux. La vie dans les Chars est donc marquée par la précarité et la dépendance permanente à l’égard de l’environnement naturel. La crue fatale pour le Char disparu donne ensuite droit à une place dans un jeune Char (sous réserve des aléas de pouvoir).
La précarité de la vie sur les Chars décourage tous les techniciens des services publics, en particulier, les enseignants ; c’est pourquoi il n’y a pas d’école gouvernementale sur les Chars. Pour se soigner, il faut également aller sur la terre ferme, et payer très cher ; on transporte les malades sur des civières portées à bras et on prend les différents bacs pour accéder au 1er village sur la rive qui soit doté d’un dispensaire. Il n’y a pas non plus d’accès facile aux marchés quand les eaux sont basses ; il faut marcher longtemps et traverser les lits des bras du fleuve à pied ou juchés sur des charrettes à âne ou à cheval qui servent de bac.
Le conseil local des UP ( » union parishad » est l’équivalent de notre conseil municipal) ne fournit pas d’infrastructures et délaisse ces populations pauvres, illettrées, vulnérables aux vents, pluies, inondations et sécheresses, vols de bétail, etc. Le projet de GK, dans sa finalité, est d’aider ces gens à prendre conscience de leurs droits fondamentaux et forcer les communes (UP) dont ils dépendent à les respecter. Il s’agit de combattre l’ignorance, la maladie, la faim et la pauvreté ainsi que la vulnérabilité face à la nature. Le moyen clé de la prise de pouvoir ( » empowerment « ) est la promotion des femmes et leur prise de responsabilité dans les actes majeurs de la vie de ces communautés.
Concrètement GK met en place sur les Chars de Gaïbandha et de Kurigram, surtout, des Centres de Développement Intégré qui offrent des services multiples (santé, école, prêt saisonnier, banque coopérative,..) grâce à des personnels présents 24 h sur 24, et où sont proposées aux paysans, aux femmes tout particulièrement, des réunions hebdomadaires de formation et d’information sur le développement des communautés (conseils sur la santé, l’agriculture; la gestion de leurs prêts, …)
Institutrice dans les CHT
Une cinquantaine de communautés ethniques et minoritaires vivent au Bangladesh. Leurs difficultés d’insertion, et même le rejet dont elles ont à souffrir de la part des autorités et des autres Bangladais, sont un problème récurrent.
Ces minorités constituent des groupes plus ou moins importants et seraient actuellement une cinquantaine. Depuis 1951 les statistiques officielles ne les reconnaissent que comme minorités linguistiques et religieuses. Elles les chiffraient à l’époque à 1.206.000 personnes, soit 1,2 % de la population. Officiellement on les nomme « Upajati » (tribus) ou plus fréquemment » Adivasi » (indigènes). Ils sont hindouistes, bouddhistes, animistes ou chrétiens.
Ces tribus vivent dans trois régions : dans les districts du Nord-Ouest (les Santal, animistes), dans les régions montagneuses au nord de Mymensingh et de Sylhet (notamment les Garo, chrétiens ou animistes et les Silhetis) et enfin dans les Chittagong Hill Tracts (un demi-million dans les régions montagneuses boisées de ces CHT, les autres dans des zones urbaines comme Chittagong et Cox’s Bazar).
Les Adivasi qui vivent dans la région de Mymensingh travaillent dans les champs de thé. Ils ont été autrefois amenés là par les colons anglais depuis les régions montagneuses de l’est et du centre de l’Inde dont ils étaient originaires.
La plupart de ces minorités ont leur propre langue. Certaines ont leur propre écriture comme, par exemple, les Santal. Les Chakma ont la particularité d’avoir adopté la langue bengali, mais ils l’écrivent en caractères birmans.
A côté des minorités tribales, il existe des groupes importants de réfugiés, notamment les Biharis ou Mohajirs (musulmans parlant l’ourdou) du nord-est venus d’Inde après la partition de l’Inde en 1947 et devenus apatrides en 1971 pour avoir choisi le Pakistan. En 2008 la Haute Cour leur a reconnu le droit d’opter pour la nationalité bangladaise.
Il n’existe en revanche pas de solution pour les Rohingyas, musulmans de langue birmane, venus de l’Etat d’Arakan en Birmanie fuyant les persécutions de la dictature militaire au pouvoir et de la majorité d’ethnie birmane bouddhiste. La junte militaire birmane ne leur reconnaît pas la citoyenneté birmane. Après les massacres perpétrés par l’armée birmane et les exodes qui en ont résulté en 1978, 1990, 2012, il y avait au Bangladesh 28 000 Rohingyas hébergés dans des camps de réfugiés, mais près de 200 000 autres qui survivent illégalement dans des conditions d’effroyable pauvreté et d’insécurité dans la région de Cox’s Bazar. Le gouvernement du Bangladesh s’est d’abord déclaré trop pauvre pour pouvoir les accueillir et a refusé en mai 2011 un projet de l’ONU de 33 millions de dollars pour leur venir en aide. Un accord utlérieur entre les deux pays a conduit au rapatriement forcé d’un certain nombre d’entre eux en dépit du sort misérable qui leur est fait en Birmanie (interdiction de sortir sans autorisation du village où on les a placés, arrestations arbitraires, travail forcé). L’émigration illégale a, de ce fait, continué.
Le génocide perpétré à l’instigation de factions bouddhistes et de l’armée birmane à partir du 17 août 2017 (incendies de villages, meurtres, viols, …) a forcé la population birmane à fuir. Près d’un million, dont beaucoup de femmes et d’enfants ont ainsi traversé la rivière Naf qui constitue la frontière entre les deux pays et sont venus se réfugier au Bangladesh où, en dépit des réticences officielles, ils ont été accueillis et constituent depuis le camp de réfugiés le plus grand et le plus dense au monde.
Lire aussi : Les urgences et les réfugiés
Les Chittagong Hill Tracts sont une région de collines escarpées et de montagnes à l’est et au sud-est du Bangladesh située entre le golfe du Bengale, l’Inde et le Myanmar (ancienne Birmanie) et composée de quatre vallées parallèles nord-ouest/ sud-est ; elles sont donc enclavées entre le golfe du Bengale et l’Inde, et pour une petite partie au sud, par le Myanmar.
Les populations qui y vivent appartiennent à des minorités ethniques d’origine sud-asiatique venues au 17è ou 18è siècle du Myanmar. Ces » tribus » sont hindouistes, bouddhistes ou animistes et sont apparentées aux Birmans. Leurs costumes et leurs coutumes les distinguent des Bengalis. Elles vivent de la forêt et de cultures sur brûlis ou » jhum » (d’où leur nom collectif de » Jumma « ), de chasse, de pêche et de riziculture dans les fonds de vallées.
Actuellement il ne resterait que 200.000 Chakma, 135.000 Marma, et une dizaine d’autres groupes comme les Tripura, les Mro, les Khumi, les Pankhua, les Lushai, les Bawm, les Kuki, les Riyiang, les Kheyangs et les Chak.
Les treize ethnies tribales rassemblées sous le nom de Jumma sont sorties d’une période de guerre civile de 20 ans contre le gouvernement (1979-1997).
Les treize ethnies tribales rassemblées sous le nom de Jumma sont sorties d’une période de guerre civile de 20 ans contre le gouvernement (1979-1997) :
– 1947 : à l’indépendance du Pakistan, les tribus ont perdu le statut spécial accordé par les Britanniques et qui protégeait leur territoire de l’immigration bengali.
– 1956-1963 : La construction du barrage de Kaptai près de Rangamati détruit 54,000 acres, soit 21 600 ha de terres cultivables et déplace plus de 100 000 Chakma à l’intérieur des CHT.
– 1971 : à l’indépendance du Bangladesh, la constitution crée une nation bengali et ne reconnaît pas de droits particuliers aux minorités. Même si la liberté de religion y est inscrite, il n’y a pas, dans le code pénal, d’infraction pour entrave à la liberté religieuse ou pour persécution religieuse. Le refus d’un statut et la militarisation de la région conduisent à une insurrection menée par les Shanti Bahini qui chassent les colons bengalis et mènent des raids contre l’armée.
– En réaction, des populations tribales sont déplacées, et contraintes à des regroupements dans des villages contrôlés par l’armée. L’immigration massive de Bengalis est favorisée par le gouvernement.
-La spoliation des terres coutumières s’accélère
– 1980-1992 le gouvernement crée des routes stratégiques, des réserves naturelles, des projets de développement utilisés à des fins commerciales ou touristiques au détriment des populations locales.
– En 1997 : un accord de paix est signé accordant
Malheureusement les gouvernements successifs n’ont pas mis en œuvre l’intégralité des termes de l’accord. Il reste des milliers de personnes déplacées. Le problème des terres confisquées aux tribus et occupées par des colons bengalis n’est pas réglé.
Après 20 ans de conflits :
– les populations tribales sont devenues minoritaires dans leur région
– de très nombreux villages ont été dépossédés de leurs terres
– plus de 90 000 familles des tribus déplacées
– plus de 38 156 familles bangladaises déplacées
– le niveau de vie des populations tribales est inférieur de 40% à celui de la moyenne nationale
L’ONU, l’UNESCO, les Institutions internationales, et des ONG bangladaises et locales participent aux programmes de réhabilitation mais l’éducation reste un domaine négligé.
1998 – conférence de Rangamati :
les représentants des tribus demandent aux ONG et aux institutions internationales
Résumé : L’immigration massive des Bengalis dans les CHT en quelques chiffres :
pourcentage des Jumma par rapport à la population des CHT :
– en 1947 : 91%
– en 2005 : moins de 50%
L’armée reste très présente. Elle favorise l’arrivée de colons bengalis dans cette région difficile, peu peuplée (119 habitants au km2 contre plus de 1000 en plaine) et n’évite pas les flambées de violence entre nouveaux colons et villageois des minorités.
– En 2009, à son arrivée au pouvoir et au lendemain des importantes tensions d’avril 2008, le gouvernement issu de la Ligue Awami a déclaré vouloir régler le problème des CHT. Il a créé un conseil des CHT dans lequel les minorités sont représentées et une commission chargée de régler le problème des spoliations de terres. Mais le conseil est toujours présidé par un ministre des CHT bengali et les travaux de la commission n’avancent guère car la propriété des terres des minorités tribales est collective et n’est donc pas enregistrée dans les archives officielles tandis que les colons bengalis acquièrent des titres de propriété individuels. Un autre sujet de frustration est que les colons bengalis sont considérés comme déplacés à l’égal des minorités et reçoivent une partie non négligeable des terres que redistribue l’Etat.
– 2010 l’administration continue à créer des réserves forestières et à obliger les Jumma à évacuer des centaines d’hectares. En février 2010, 812 familles bangladaises ont reçu des terres dans l’Upazilla de Baghaichhari et ont attaqué les villageois Jumma qui y vivaient. Près de 500 fermes – tribales dans leur très grande majorité – ont été détruites avec l’aide de l’armée (rapport ONU 2011).
– 2011 : la commission chargée de régler les spoliations de terres n’avance pas dans ses travaux et continue à traiter sur le même pied les colons et les Jumma déplacés. La Haute Cour, à la demande de plaignants bengali, a annulé 3 sections de l’Accord de 1997 qui accordaient une priorité sur la terre aux Jumma.
– Les violations des droits de l’homme et les violences continuent. Contrairement à l’Accord de 1997, la présence militaire tend à s’intensifier (un tiers de l’armée est déployé dans les CHT) et s’implique dans les opérations de développement à travers des constructions de routes, de stations touristiques, location à des industriels d’hectares de forêt à exploiter.
Pêche sur le fleuve
Le Bangladesh est resté un pays dont l’agriculture emploie encore près de la moitié de la main d’œuvre ; mais elle ne contribue qu’au 1/5ème de la richesse nationale. Selon les statistiques officielles, il y a près de 15 millions d’exploitations agricoles (sans compter les jardins familiaux), d’une surface moyenne de 0,6 hectare : 10 % seulement des exploitations dépassent 3 hectares !
Le régime des saisons permet plusieurs récoltes sur une grande partie des parcelles : 1,7 en moyenne par an. La culture la plus importante est celle du riz (voir la note sur « les riz cultivés » dans la partie « Connaître le Bangladesh, Petit glossaire »), qui contribue à plus de 60 % de la valeur du total des productions végétales. Les autres céréales sont peu importantes, même si la culture de maïs connaît une croissance rapide.
La productivité de l’agriculture a fortement progressé, si bien que l’auto-suffisance en riz ne semble plus hors de portée dans les années sans graves catastrophes naturelles. Cela est dû en particulier au développement de l’irrigation : les 2/3 des terres sont irriguées, pour la majorité avec de l’eau pompée dans les nappes phréatiques (en particulier dans les nappes profondes avec des puits tubés). L’utilisation de variétés améliorées, de davantage de fertilisants et de pesticides tend à se généraliser.
Outre les fruits et légumes (pommes de terre, oignons, légumes secs, épices…), parmi les autres productions végétales commercialisées, on peut citer le jute, les oléagineux (moutarde), la canne à sucre, le thé, le tabac (en progression dans les Chittagong Hill Tracts).
Les productions animales sont relativement réduites, notamment faute de terres disponibles. L’élevage reste dispersé et traditionnel, sauf pour la production d’œufs et de volailles où des productions industrielles se développent.
Les produits de la pêche et de l’aquaculture sont très développés. La pêche en mer ne représente que 20 % de la production, et elle est principalement le fait de pêcheurs artisanaux. La production de l’aquaculture, dans les mares, les zones humides (baors, beels), les fermes d’élevage de crevettes est équivalente en tonnage à la capture (pêche dans les rivières, notamment du poisson le plus prisé, hilsa, ou sur les terres inondées). La production de crevettes destinées à l’exportation a triplé en 20 ans ; elle est devenue une importante source de devises, mais cela ne va sans poser de problèmes écologiques et sociaux dans les régions (Sundarbans) où elle s’est développée. Les exportations de poissons surgelés se développent également.
Culture du riz
Le Bangladesh est l’un des pays les plus densément peuplés du monde (plus de 1000 habitants au km2). Les terres y sont très fertiles et 63% des habitants vivent de l’agriculture.
60% du pays est consacré à l’agriculture. Mais les 9,3 millions d’hectares cultivés sont en voie de réduction. Plusieurs facteurs y contribuent : l’érosion qui emporte les rives et les îles des fleuves et des rivières, la salinisation des terres côtières, l’urbanisation, les implantations d’industries, les briqueteries et les fermes de crevettes qui laissent des sols impropres à la culture pour de longues années, et les réserves foncières imposées par l’état – que ce soit pour les camps d’entraînement militaires, les réserves écologiques ou les aménagements touristiques. La forêt également recule et, de 15% il y a une trentaine d’années, se trouve réduite à 6% à cause de l’exploitation du bois, de l’agriculture sur brûlis et des plantations pour l’industrie agro-alimentaire.
89% des paysans propriétaires possèdent moins d’un hectare et 39% d’entre eux ont moins de 0,2 hectare. Le partage des terres lors des héritages ajoute encore au morcellement. La moitié des habitants des campagnes sont des sans terre et survivent en louant des terres ou en se louant comme journaliers. La compétition pour acquérir des terres est si aigüe qu’elle se déroule la plupart du temps dans la violence et on estime que près de la moitié des meurtres commis au Bangladesh sont liés à des querelles foncières.
Cette violence est liée à la corruption qui gangrène les relations entre l’administration et les administrés et profite aux notables et riches propriétaires locaux avantagés par un système foncier compliqué. La partition de l’Inde en 1947-48 a entraîné le départ vers l’Inde des grands propriétaires terriens qui étaient majoritairement hindous. Par le Vested Property Law de 1948 puis l’Enemy Property Act II de 1965 durant la guerre indo-pakistanaise, le gouvernement pakistanais a saisi les terres des émigrés mais il a également saisi les terres des hindous demeurés au Bangladesh et environ 10,5 millions de foyers hindous ont perdu plus de 400 000 hectares. En dépit de l’annulation du Vested Property Act en 2001, les terres injustement saisies n’ont pas été rendues.
Les terres devenues propriété de l’Etat ont pris le nom de Khas. Lors de la création du Bangladesh, ce système a été maintenu et toutes les terres saisies ont été regroupées dans une même catégorie, les khas. Le gouvernement y a ajouté la possibilité de nationaliser toute terre ou plan d’eau qui serait nécessaire à la réalisation de sa politique. Un corps hiérarchisé de fonctionnaires, du local au national, a été créé pour gérer ces terres.
Les chars, ces îles qui se forment par accrétion d’alluvions puis disparaissent quelques années plus tard sous l’effet de l’érosion, forment une catégorie particulière de khas. Leur statut est compliqué puisqu’en cas de reformation in situ dans les 20 ou 30 années qui suivent leur destruction, elles restent acquises à leur propriétaire (malik), sinon elles deviennent khas.
En 1972 le gouvernement bangladais nouvellement créé a supprimé l’exception tribale pour les CHT et incité les bengalis sans terre à s’installer sur les terres tribales. Il en est résulté une guerre civile qui a duré de 1976 à 1997 et qui a abouti à un cessez-le-feu puis à un accord dont les termes sont loin d’avoir tous été respectés, notamment la restitution des terres illégalement acquises par les colons.
Les gouvernements successifs ont entrepris des réformes agraires en plafonnant les propriétés foncières à 13,5 ha et en rachetant les surfaces excédentaires. Ces réformes ont pour objet de redistribuer la moitié des terres khas par lots d’un demi-hectare à un hectare et demi à des paysans sans terre pour qu’ils les exploitent pour des baux de 99 ans. Mais en dépit des efforts gouvernementaux, les inégalités s’accroissent et le nombre des paysans sans terre augmente. Les réformes sont en partie contournées grâce à la corruption des fonctionnaires du Land Reform Department Sur les huit millions et quelques d’hectares à redistribuer, un quart seulement l’ont été dont une partie est allée à des notables locaux grâce à la complicité de l’administration. Et la concentration des terres s’accroît.
Plusieurs facteurs contribuent à faciliter cet accaparement par les élites : l’administration, contrairement à ce qu’elle proclame ne diffuse guère l’information concernant les khas prochainement distribuées ; les démarches pour prouver qu’on appartient à la catégorie de la population habilitée à recevoir un lopin de terre khas sont si compliquées qu’elles peuvent exiger plus de deux mois – durée de temps sans gain, impossible à dégager pour les pauvres, et formulaires inaccessibles pour les illettrés. Et surtout les minorités ethniques dont la terre relevait d’une propriété collective de droit oral n’arrivent pas à faire reconnaître leur droit sur leur terre face à ceux qui font enregistrer un document falsifié au cadastre.
Enfin, des enquêtes montrent que pour la moitié de ceux qui parviennent à recevoir un lopin de terre, celui-ci ne leur garantit pas une amélioration de leur vie car des occupants illégaux le cultivent déjà et accaparent la récolte.
Que les terres soient khas ou privées, tout est bon pour se les approprier : titres de propriété falsifiés achetés à des fonctionnaires corrompus, chantage, accusations fabriquées de toutes pièces et procès contournés, harcèlement, menaces envers les propriétaires légitimes, violences qui peuvent aller jusqu’à l’incendie de leur maison, le viol de leur femme ou de leur fille et même meurtre d’un ou plusieurs membres de la famille. Les journaux regorgent de récits d’envoi par des politiciens ou des notables de troupes de malfrats chargées de faire céder les malheureux propriétaires des terrains convoités.
Dans les voisinages des villes en rapide expansion comme Dakha, ce sont même les canaux et les étangs qui sont rebouchés par des promoteurs désireux d’entreprendre de juteuses opérations immobilières, au détriment des populations qui en utilisent l’eau.
L’état lui-même n’est pas exempt de ces opérations d’accaparement et pour des superficies beaucoup plus importantes par le biais de ses agences pour le développement.
Si tous les petits propriétaires courent le risque d’être expulsés par divers moyens de leur terre par plus puissant qu’eux, la situation est encore plus grave pour les paysans appartenant à l’une des minorités ethniques religieuses du pays. Dans les plaines, les Santal hindouistes, déjà très malmenés après la guerre d’indépendance, continuent à faire l’objet de spoliations de la part des bengalis, au sujet desquelles ni la police ni la justice n’acceptent d’enregistrer de plaintes. L’administration fait la sourde oreille lorsqu’ils réclament l’enregistrement de leurs droits de propriété.
Réduits à la très grande pauvreté, ils sont souvent obligés de mettre en gage leurs terres et tout est fait pour qu’ils ne puissent les récupérer ultérieurement avant que des bengalis bien placés ne se les approprient illégalement. Les spoliations de terres et les dépenses induites par les procès pour les récupérer sont les principales causes de leur paupérisation (68% d’entre eux sont en très grande pauvreté contre 39% des Bengalis). Les Garos qui vivaient dans la forêt de Madhupur, dans le district de Mymensingh en ont été progressivement expulsés par les gouvernements successifs qui ont installé à leur place des colons bengalis déplacés. En 1978, 200 familles expulsées ont reçu 200 acres sur lesquels étaient déjà installés des bengalis. En 1984, 42000 acres ont été classés Forest Land , désormais propriété du Département des forêts qui y a favorisé l’implantation de plantations de caoutchouc privées.