Pour assurer la sécurité alimentaire et une meilleure qualité de vie dans les campagnes isolées, GK mène différentes actions : création de jardins familiaux, de coopératives agricoles avec prise de responsabilité des femmes, prêts saisonniers et formation des paysans pour l’amélioration des pratiques agricoles locales.

Shamoli, responsable d'une coopérative

Les jardins familiaux et les coopératives agricoles

C’est à la suite des cyclones SIDR et AILA de 2007 et 2009 que GK a décidé d’organiser des actions de soutien en faveur des populations sinistrées de la région des Sundarbans, en bordure du Golfe du Bengale. Dans cette région, la pauvreté, le manque d’accès à des terres cultivables et des apports alimentaires non diversifiés contribuent à un fort taux de malnutrition. GK Krishi Shomobay qui veut dire Coopératives Agricoles est un programme de création de jardins familiaux qui s’adresse aux familles les plus démunies, en favorisant les initiatives et la prise de responsabilités des femmes. Il vise une diversification de l’alimentation et un complément de revenus. En outre, des connaissances de base sont transmises aux familles pour l’amélioration de l’hygiène et de la santé.

Depuis 2011, plus de 6000 jardins familiaux ont été créés avec le soutien du Comité Français. Le programme, dirigé par Rajan Mitra, ingénieur agronome, est mis en œuvre par son équipe locale dans les Upazilas de Mathbaria (district de Pirojpur), de Patharghata, Amtali, Taltali (district de Barguna), de Sharankhola (district de Bagerhat), de Galachipa (district de Patuakhali).

Ces Upazilas sont situés tout au sud des régions de Barisal et de Khulna

Les bénéficiaires volontaires pour les projets s’organisent en coopératives leur facilitant un accès à la diversification des cultures, à la mécanisation des travaux agricoles et à l’irrigation (création ou surcreusement de canaux et de mares). L’enregistrement auprès de l’Etat leur donne accès à des droits particuliers. Les parcelles cultivées sont les maigres bandes de terre qui entourent les maisons mais dès qu’ils le peuvent et convaincus par l’attrait des jardins, les paysans essaient d’augmenter leurs récoltes par la culture de plantes grimpantes et en louant des terrains à des propriétaires. La première année, GK fournit les semences de légumes adaptées aux terres en partie salines (épinard, tomate, piment, courge, chou, pomme de terre, épices, etc.). Pour cela, il travaille en relation avec les instituts de recherche agricole et rizicole du pays (B.A.R.I. et B.R.R.I.) pour disposer des semences les plus appropriées.

L’ingénieur Mitra et son équipe technique dans les Sundarbans

Les techniciens agricoles et facilitateurs de GK assurent la formation des femmes à de meilleures pratiques car ce sont très souvent elles qui cultivent les jardins. Les hommes les aident et vendent les surplus aux marchés proches. Des animatrices leur apprennent à améliorer l’alimentation de leurs familles grâce à leurs nouvelles récoltes et à proscrire l’emploi de produits phytosanitaires en utilisant des compositions végétales. Il est peu aisé de recueillir des évaluations chiffrées de gains. Toutefois, sur la base des informations recueillies, ils s’élèveraient à environ 10.000 Tk par an pour deux bighas (près de 100 euros pour environ 1/4 d’hectare). Un bigha planté en tomates peut rapporter 4000 Tk soit 42 euros net en un an.
GK met en place des parcelles de démonstration dans lesquelles sont testées les meilleures variétés de légumes, ainsi que des pépinières pour les arbres fruitiers. Des fermiers volontaires associés à ces productions de jeunes arbres et de légumes nouveaux peuvent ainsi améliorer leur savoir-faire et leurs revenus.

Les coopératives accueillent 80% de femmes qui sont bien souvent à leur tête.

Afin d’éviter l’apport d’engrais industriels, des installations de production de vermi-compost sont mises en place. Pour cela, GK fournit deux buses cylindriques et un paquet d’un demi-kilo de vers. Après 1 mois et demi à 2 mois on obtient, à partir de débris végétaux et de bouse de vache, un excellent compost. Après tamisage, ce compost est utilisé dans les jardins familiaux, les vers sont récupérés et réutilisés. Plus de 1000 fosses à vermi-compost ont déjà été établies dans 6 upazilas de 4 districts. La production est de quelque 70 tonnes par an. La vermi-culture donne un revenu à des femmes qui préparent le vermi-compost et le vendent ensuite aux fermes voisines. GK initie aussi la mise sous paquet pour une vente en milieu urbain.
GK met maintenant l’accent sur le recyclage des déchets organiques et agricoles pour améliorer la qualité et le rendement des cultures.

Femme tamisant le vermi-compost

Les « ponds », ou mares pérennes, qui recueillent l’eau pendant la mousson servent non seulement à la fourniture d’eau douce, à l’irrigation, mais aussi à l’élevage des poissons à partir d’alevins de tilapias fournis par GK ou des crabes qui sont vendus dans la région.

Pond avec nourriture pour poissons

En complément de ces actions, GK organise des réunions de prévention des risques naturels (inondations, cyclones), en collaboration avec les organismes publics. Les lieux de formation sont souvent les bureaux locaux de GK car cela permet aux femmes de sortir de chez elles.

Depuis 2011, plus de 6000 jardins ont été créés.

Crédit saisonnier dans la région des Chars

Les centres de développement intégré et le crédit saisonnier

Le développement intégré vise à l’amélioration globale de la situation des bénéficiaires en favorisant des effets à long terme, ainsi que leur autonomie.
Il associe plusieurs programmes d’appui à un niveau local avec engagement des communautés villageoises.

Dans la région des Chars au nord du pays

 

Char Kalakata

Dans les Chars, îles éphémères dans le lit de la Jamuna au nord du pays, à Jhanjahir (district de Gaibandah), Kalakata et Austo Ashir (district de Kurigram), GK a créé des « Centres de développement intégré » associant plusieurs programmes d’aide aux communautés très pauvres et sans terre avec une école, un centre de santé primaire et une activité de crédit saisonnier. A la différence du micro-crédit adapté aux zones urbaines ou périurbaines, pour des activités artisanales ou commerciales, le crédit saisonnier convient bien au domaine agricole car il s’adapte aux cycles des cultures. Le principe est un prêt de 5 ou 8 mois dont le remboursement complet se fait en une fois en fin de période, avec l’argent de la vente de la récolte, des animaux ou des produits artisanaux. La mise en œuvre se fait avec la constitution d’une coopérative favorisant la solidarité. Des prêts compris entre 10 000 et 20 000 takas, soit entre 100 et 200 €, voire parfois davantage, sont attribués majoritairement aux femmes pour l’achat de semences, de bétail, de matériel agricole et d’outils pour tisser des nattes ou des cloisons en bambou. Etant donné la fréquence des inondations qui submergent les Chars, les paysans, à la suite de la perte de leurs maisons, de leurs récoltes ou de leur bétail, ont souvent beaucoup de mal à rembourser les prêts accordés.

Suite aux inondations de l’été 2016, les conditions de vie y sont très précaires, en particulier sur le Char Jhanjahir.

Dans la région des Sundarbans le centre intégré de Kathaltoli

Ce projet initié par le Comité du Cher a permis la mise en place d’un centre de santé primaire installé dans un abri anticyclonique construit par GK après le passage du cyclone SIDR en 2007. S’y ajoutent un programme éducatif destiné aux jeunes enfants avant qu’ils rejoignent les écoles primaires du gouvernement, la création de jardins familiaux et un guichet financier permettant épargne et prêts saisonniers. Le volet agricole du programme sur la période 2014-2018 qui prévoyait 200 jardins familiaux avec parcelles de démonstration et pépinières, 4 mares à tilapias et la formation de 400 personnes, est une réussite. Les structures prévues ont toutes été mises en place et il a contribué comme on l’espérait à élever le niveau de vie de cette population hindoue défavorisée.

Le crédit saisonnier convient bien au domaine agricole car il s’adapte aux cycles des cultures.